Dialogue du (tout) petit matin

Trop tard (ou trop tôt)

- Voilà, c’est quatre heures du matin. Tu es content, j’espère. Tu l’auras voulu : aujourd’hui, on joue au jeu du « j’ai aimé ». Je commence. J’ai aimé : faire la course avec les vagues, les rouleaux qui s’écrasent contre la digue en-deça du phare en forme de petite maison, le chien minuscule qui t’a gratté les mollets, et la Colombienne qui a tué quatre cactus d’un coup.

- En même temps si t’avais pas passé deux plombes à écrire des niaiseries en espagnol pour nos prochains plans coach surfing, on n’en serait pas là… Bon, si tu veux savoir, j’ai aimé : le sable qui frotte les coudes lorsque les vagues te déglinguent comme un pantin salé, la parillada au petit blanc sec, les grosses mousses blanches des rouleaux contre les digues de la baie dans le coucher de soleil kitch, les tonneaux de pirates remplis de bonbons, le black qui dansait la rumba en slow-motion au bar Corsaire…

- …oui la bouteille de Jurançon, je prends aussi. Et aussi la vive, cet oiseau, pardon ce poisson local qui a une bouche pulpeuse et un dard nocif (hum), et apprendre le mot « feniôle » à un Breton, une Franc-Comtoise et une Colombienne, et débattre pour savoir si le condor est le plus grand oiseau du monde ou si c’est l’Autruche de Bolivie. Et surtout, ne rien faire à la terrasse du Bar de la Marine pendant que la fille de la table de derrière me reluquait le dos.

- Vérification faite, c’est l’albatros hurleur qui a la plus grande envergure (3 mètres 70 quand-même…) Oh, et puis aussi, pour la route : les matériaux des planches de surf, la petite maison-phare en haut de la colline, les helvétismes dans la bouche des français (« fourrer » surtout), le billet de un dollars tout frippé que tu m’as filé en souvenir, le goût du sel dans la bouche et dans le nez et dans les yeux, le marin fou de retour d’Irlande qui trépignait d’impatience à l’idée de se taper un fille ou toutes les filles de la France et de l’Espagne réunis, la gamine qui ressemblait à Ellen Page, la mousse d’écume qui fait « pschiiiiiit » sous les pieds avant de se faire pomper par le sable…

- …et cette phrase de Sébastien Jallade : « Je veux sans attendre éprouver physiquement le vent froid et sec de l’été austral »…

- D’abord un peu de surf demain, c’est obligé dans cette région ! Nos super coachs nous attendent à Hendaye dans quelques heures… Et puis éteins cette foutue lumière rouge, tu veux ?

One Response to Dialogue du (tout) petit matin

  1. Calude

    C’est parti ! Beau début de voyage et de blog…
    Tu es au départ d’une expédition extraordinaire, dont tu avais envie depuis longtemps. Profites-en bien ! Nous nous réjouissons de suivre ton périple au quotidien.
    Bises.
    Calude

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