Sur le volcan Cotopaxi, un 12 janvier. Un BARBU descend d’un bus. Un PÈRE et un FILS aussi.

LE BARBU [pour lui-même] : « Alors voyons voir. Le sommet le plus haut de mon pays culmine à 1038 mètres. Sur le continent auquel je suis censé appartenir, là où ils boivent du vin (quelle idée), ça monte jusqu’à 4810 mètres, paraît-il. La température d’une pinte, actuellement, est de 5°C chez moi ; extérieure, de 3°C. Ici, dans ce pays où ils boivent de la bière transparente (quelle idée), il fait plutôt 15°C à 3000 mètres. »

Il commence à monter.

LE BARBU [le mollet dru] : « Voyons donc la donnée numéro 1 : chez moi, je sors en tee-shirt, parce qu’on ne sait jamais quel temps il va faire, il peut pleuvoir des chopes cinq minutes après le grand soleil. Il suffit d’en boire une ou deux, des chopes, pour s’en foutre, de toute manière. Donnée numéro 2 : dans ce pays où ils boivent de la bière transparente (quelle idée) et où il fait 15°C, je vais monter à 5000 mètres, au commencement du glacier du plus haut volcan en activité du monde, ils veulent sans doute dire de leur pays, les buveurs de pisse de coq. Donc, donnée 1 + donnée 2 = conclusion : je monte en tee-shirt, parce qu’il risque de faire aussi froid que chez moi, à 5000 mètres, mais aussi en shorts, parce qu’il va sans doute faire plus chaud que chez moi, dans ce coin des Tropiques ! »

Il monte à 5000 mètres d’altitude. Le PÈRE et le FILS aussi, en marchant sur la cendre, la pierre, l’écume, la lave et la glace.

LE PÈRE [au fils] : « Regarde voir, machin. »

LE FILS [à machin] : « Tu n’as pas froid, non ? »

MACHIN [pour la postérité] : « Non, p’tit gars. J’aurai froid ce dimanche, quand je rentrerai en Irlande. »