L'encre de Patagonie » Carnet de route http://www.mou.ch/matthieu/wordpress Matthieu, la plume et l'Amérique Fri, 23 Aug 2013 08:17:13 +0000 fr-FR hourly 1 http://wordpress.org/?v=3.4.2 Secrets du monde http://www.mou.ch/matthieu/wordpress/?p=1004 http://www.mou.ch/matthieu/wordpress/?p=1004#comments Wed, 05 Jun 2013 16:38:36 +0000 matthieu http://www.mou.ch/matthieu/wordpress/?p=1004 Qu’arrive-t-il, lorsqu’on prend l’avion, et non plus le bus, pendant douze heures ? On change de continent. Donc d’espace-temps. Donc d’identité. On se retrouve sur une plage de coquillages face à la Manche, un jus de pommes dans les mains, des mouettes qui parlent un anglais rouge et bleu tout autour de soi. On ne voyage plus en Amérique du Sud. Alors on sourit un peu tristement, et on fredonne… On fredonne la bande-son du voyage.

Sultans of Swing, le solo de guitare de la fusée de lancement Daniel Vuataz, retrouvé sur un débarcadère de Brighton.

White Unicorn, le solo de batterie de la fusée orbitale Manuel Arriaga, retrouvé dans une cage d’escalier de Brixton.

No permita la virgen, la chanson du dernier soir en Europe, cette bonne Europe somnolente, retrouvée à l’aube sur un tarmac glaciaire.

On ne fredonne pas Live while you’re young et Gangnam Style, bandes originales involontaires mais très insistantes du crapahutage globalisé. On chantonne The Wrestler, qui fut une béquille certaines heures un peu fragiles en Equateur, Love’s been good to me, pour oublier les sourires sans les oublier, Le traiettorie delle mongolfiere, pour continuer à rêver. Et Bashung, Ali Farka Touré, Onda Tropica pour la magie de Colombie, Féloche, qui a rythmé les déserts panoramiques du Chili, et on se rappelle certain dialogue (7:05-8:25), répété comme un mantra joyeux et totalement inutile avec Daniel Gonzalez, la fusée parachute.

Surtout, on écoute et réécoute un joyau, découvert grâce à Manuel, et d’une façon ou d’une autre connecté à l’âme des petits routards de l’espèce mélancolique et joyeuse, photographe et plumitive, reconnaissante et impatiente, avide de comprendre et de ne rien comprendre. Quelque chose qui embrasse tout, les cahots des bus, les trésors imaginaires des Incas, les visages et les odeurs, la puissance du souvenir et du désir renouvelé pour les secrets du monde : Cortez the Killer.

 

Merci aux lecteurs, merci aux passeurs, merci mille fois aux généreux hommes et femmes des trois continents pour leur aide, leur accueil et le rythme!

Brighton, 18 mai 2013

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Les aveugles et les chemins http://www.mou.ch/matthieu/wordpress/?p=996 http://www.mou.ch/matthieu/wordpress/?p=996#comments Tue, 14 May 2013 19:23:42 +0000 matthieu http://www.mou.ch/matthieu/wordpress/?p=996

Dernier jour en Amérique du Sud. L’incrédulité l’emporte. C’est que je n’ai eu ni le temps, ni l’état d’esprit nécessaires à vivre cette ville autrement que comme un port de passage.

Avant de partir, je pensais m’installer au moins un mois à Buenos Aires, y nouer des liens, y apprendre les bases du tango, y faire même un stage dans un journal. Je pensais prendre un bateau, traverser l’estuaire de la Plata, et aller faire du cheval en Uruguay. Mais je me suis égaré avec bonheur sur les chemins du continent, je n’ai tenu aucun délai auto-imposé, sauf le dernier : la date du retour, déterminée par des raisons obscures, d’autres évidentes, comme le mariage d’un frère ou une lecture publique en terres britanniques. Je me contente donc d’un seul cours de tango, d’une vie de porteño et d’un Uruguay champêtre imaginés, et des derniers arpèges, forcément dissonants, du voyage : un livre qu’on m’a recommandé tant de fois, acheté chez un antiquaire un peu sourd ; les rues taguées de San Telmo, arpentées tranquillement ; la Suisse-Allemande au bout du Skype qui me parle du goût des alfajores quand je lui demande pourquoi ma carte de crédit ne marche plus ; les percussions tourbillonnantes du groupe Bomba de Tiempo, dans un grand hangar culturisé du quartier d’Abasto, me renvoyant par transes intermittentes les vibrations et les silences des sept derniers mois. Et une équipe d’aveugles, marchant de front sur le chemin d’un parc du quartier de La Boca, conduits par un seul homme aux yeux clairs. La vision de ces quelques aveugles avançant très lentement, bras dessus, bras dessous, souriant au soleil caressant d’automne, à cent mètres du silencieux stade de la Bombonera, me secouant soudain de la plus forte émotion de ces dernières heures.

L’encre de Patagonie est – presque – arrivée au point final. Vous n’y lirez pas de grand bilan de l’aventure, encore moins de grande morale de l’histoire. Tout au plus un poème, écrit par Neruda. Encore un foutu romantique, celui-là…

Hay un cementerio de abejas
allá en mi tierra, en Patagonia,
y vuelven con su miel a cuestas
a morir de tanta dulzura.

Es una región tempestuosa,
curvada como una ballena,
con un permanente arco iris
como una cola de faisán :
rugen los saltos de los ríos,
salta la espuma como liebre,
restalla el viento y se dilata
por la soledad circundante :
es un círculo la pradera
con la boca llena de nieve
y la barriga colorada.

Allí llegan una por una,
un millón junto a otro millón,
a morir todas las abejas
hasta que la tierra se llena
de grandes montes amarillos.

No puedo olvidar su fragrancia.

 

(Pablo Neruda, Fin de mundo)

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L’encre de Patagonie http://www.mou.ch/matthieu/wordpress/?p=978 http://www.mou.ch/matthieu/wordpress/?p=978#comments Sat, 04 May 2013 07:00:01 +0000 matthieu http://www.mou.ch/matthieu/wordpress/?p=978

La route semble réduite à sa plus simple expression. Des plaques de béton la délimitent à peine du gravier des bas-côtés. Nous ne croisons presque que des camions. A l’instant nous bifurquons à gauche, en direction de Cerro Sombrero – le mont chapeau. Ce n’est qu’un village sur la plaine. Des deux côtés du chemin, des steppes que ne clôt aucune cordillère à l’horizon. Parfois de vastes pâturages, toujours une barrière de piquets de bois. Des moutons partagent leur territoire avec une autruche. Isolé, un cheval noir broute. Vers le sud, toujours ces buissons dorés à n’en plus finir sous le ciel ; au nord brille un soleil voilé. Les panneaux disent « ruta del fin del mundo ». Nous approchons de l’extrémité du continent, du détroit de Magellan. Une mouette, perdue au-dessus de nous, annonce la mer. La voici.

Nous traversons le détroit liant l’Atlantique au Pacifique sur un ferry, dans le vent qui gerce les lèvres. Pauvre Daniel, qui a fui l’hiver persistant de la Suisse pour se retrouver sur ce finisterre transpercé par les rafales. Mais je le voulais, moi, ce froid qui tire sur les paupières et assèche le visage. Cette descente interminable jusqu’au fond des déserts d’épines. Ces nuages s’étirant sur tant d’espace qu’ils peuvent jouer aux galaxies. Cette route qui perd épisodiquement son goudron et chante d’une voix chevrotante la secousse des pistes.

Regarder, regarder, regarder, les muscles transis. Parler de moins en moins. Le monstre fuligineux du retour qui plane derrière moi, rôdant dans la baie du Rio de la Plata, est assez. Je ne cherche guère d’autres présences. Les rencontres sont devenues plus difficiles, car moins nécessaires. Ce n’est plus un saut, ce n’est plus l’Inconnu effrayant et euphorisant à la fois, c’est un sursis. Converser avec mon compagnon de route devient plus simple, passées les retrouvailles ; les dialogues de deux ou trois films aimés deviennent la langue commune, et cela suffit au partage. Mes nuits sont peuplées d’absurde, de femmes connues ou imaginaires, de l’inconscient grouillant de voix familiales et familières, le boomerang et son bruit de pales décélérant ; mes jours sont des puissantes doses de drogue dure, plaines, ciels, condors planant sous les cimes découpées, visions presque hallucinées de ma propre figure, figurine au lointain, marchant les yeux ouverts, légères traces de chaussures entre les brindilles du globe si bienfaisamment indifférent.

La liste ridiculement longue de toutes celles et ceux que j’ai rencontrés en presque sept mois, côtoyés deux heures ou trois semaines durant, est un drapeau enroulé sur lui-même au fond de mon sac. Je les imagine, les sédentaires parmi eux, répétant ces gestes que j’observais, les meilleurs jours, avec des yeux de voleur de poules. Les voyageurs parmi eux continuant d’être secoués par quelque autocar à musique bon marché, ou d’arriver sur quelque plage nouvelle, ou de se frotter les yeux du poing à quelque frontière. Tous ces visages, plus que les noms déjà largement oubliés, se dessinent quelque part, là, dans mon dos, comme ceux des proches qui m’attendent et que j’attends de retrouver. Mais je tente, en tournant mon propre visage vers une nouvelle bourrasque, d’abandonner le fantasme d’accumulation qui pousse en avant, qui fait miroiter le bitume. Je me déprends des maîtres et des mythes, des conseils et des lectures. Je sais déjà qu’il n’y aura rien, là-bas, tout au bout. Rien que des agences de voyage au nom vaguement austral, des types en anorak qui parlent français ou suisse-allemand, quelques cybercafés, et du vent.

Il n’y aura rien, et impossible, d’ailleurs, de ne pas le savoir : vous trouverez toujours un cynique, vous croiserez toujours un pontifiant nomade dans une quelconque auberge du continent pour vous assurer qu’Ushuaïa, ça ne vaut pas le coup, qu’on n’y va que pour dire qu’on y est allé… Quelle idiotie. Seuls les imbéciles y vont pour le dire : les autres y vont pour y être. Pour constater que le monde, et par conséquent l’homme, a quand même des limites. Pour se rassurer, peut-être. Pour assouvir un désir primaire, ou pour une simple question de trait de crayon à tracer sur une carte. Pour le regard des petits-enfants qu’on espère avoir un jour, lorsqu’on leur tendra ladite carte, vieux papier jauni, achetée sans but précis dans une librairie de la ville la plus proche de l’anticontinent.

On y va pour faire honneur à un rêve puissant d’il y a quelques années : moi, glissant sur la route côtière d’Amérique du Sud, catapulté ensuite sur le rivage du bout du monde, debout sur les galets gris dans le jour venteux, tandis qu’en face, au lointain, se dresse un vaste continent de glace bleu blanc dans une sorte d’éternelle nuit d’étoiles… Faire honneur à un rêve ? Quel romantisme. On y va, surtout, parce qu’on le peut, et c’est déjà une raison que tant rêveraient de pouvoir invoquer.

Je n’ai pas encore mis les pieds au bout du monde : j’avance sur la Terre de Feu, qu’on a baptisée ainsi parce qu’on y a vu, de loin, les foyers des hommes et des femmes qui y vivaient, tous exterminés depuis par les armes et les maladies. Entre les villes à supermarchés, les phares et les propriétés privées d’aujourd’hui, cohabitent les moutons, qui parfois envahissent la route, et les lamas méridionaux nommés guanacos, les vaches, les chevaux, les oies noires et blanches s’envolant d’un seul mouvement, plus au sud les pingouins, et certains lions de mer. Quelques baleines à bosse. Voici la Terre de Feu, et voici la véritable encre de Patagonie : la couleur noire des ruisseaux de cette île, creusés dans la lande aux buissons dorés.

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Quel touriste, ce voyageur http://www.mou.ch/matthieu/wordpress/?p=956 http://www.mou.ch/matthieu/wordpress/?p=956#comments Thu, 02 May 2013 14:07:26 +0000 matthieu http://www.mou.ch/matthieu/wordpress/?p=956

« Le tourisme traque le mythe et annexe les uns après les autres les ultimes déserts de l’aventure et de l’exotisme. Qui peut dès lors se prévaloir dans les faits d’être plus voyageur qu’un autre ? »

Jean-Didier Urbain

Deux livres, offerts par deux amis, m’ont accompagné parmi d’autres au cours des premiers mois de ce voyage : L’appel de la route de Sébastien Jallade, sous-titré « Petite mystique du voyageur en partance », et L’idiot du voyage de Jean-Didier Urbain, sous-intitulé « Histoires de touristes ». Ils m’ont amené à faire rationnellement le constat qui s’imposait déjà intuitivement : malgré l’écume de l’Atlantique et les descentes au fond des mines d’or, je fais quelque chose d’extraordinairement banal.

Je suis un voyageur du XXIe siècle : j’ai des décennies de démocratisation du voyage et d’expansion du tourisme jusqu’aux moindres recoins (cargos et mines inclus), ainsi que l’explosion des moyens de communication, qui fait que l’on peut envoyer une photo de sa bobine depuis (presque) n’importe quel endroit du globe, derrière moi. Je traverse l’Amérique du Sud, comme tant d’autres Suisses, Français, Européens, Nord-Américains, Océaniens et autres jeunes chanceux nés dans un pays riche et favorisé par les dieux des visas, guitare sur le dos, appareil photo en bandoulière ou plume au carnet. Je parcours, à quelques pas de côté près, le gringo trail, le chemin du gringo.

« Nous ne sommes pas des touristes, nous sommes des voyageurs », a dit un jour un ami de la famille, en m’incluant dans le restreint cercle des élus. Mais les plus convaincus des « voyageurs » auront toujours bien de la peine à sincèrement définir ce qui élève leur statut au-dessus du tourisme, en dehors d’un privilège et fantasme que Jean-Didier Urbain appelle « le syndrome d’Armstrong » : être le premier. Le premier type qui a marché sur l’époustouflant glacier Perito Moreno, non pour le découvrir et le mesurer, mais bien simplement pour le voir, était autant un touriste (ou un voyageur) que le type qui, en 2013, s’y balade avec un groupe de quinze autres types en veste gore-tex. Entre le touriste, mot devenu péjoratif en Europe (alors que dans toute l’Amérique du Sud, dire d’un lieu qu’il est « touristique » est encore totalement positif), et le supposé « voyageur », analyse très finement Urbain, il n’y a donc pas de différence de nature, mais de degrés : le voyageur est simplement un aristocrate, qui reproche au touriste de lui voler ses privilèges, de « banaliser le monde ».

En résumé, ma route est banale, et je ne suis même pas certain d’être un « vrai voyageur », concept fumeux et évasif : sale temps pour le petit Armstrong qui sommeille en moi. Et pourtant j’ai ouvert ce site, écrit ces textes, pour que d’autres connaissent l’expérience forcément unique qui est la mienne, certainement par « volonté inavouée d’inventer mon épopée personnelle », comme l’écrit Sébastien Jallade. Le récit légitime le voyage. Mais le voyage existerait-il sans le récit ? Car « à raconter son voyage, on enchante sa mémoire. On vit deux fois. » Volonté très contemporaine de se démarquer, de prouver sa différence.

Il faut se garder, pourtant, du cynisme. Et si n’être qu’un de plus, parmi tous les routards en quête de soi et des autres sur les routes, n’était pas une impasse, mais une bénédiction ? Pourquoi ne pas s’atteler, comme dit Jallade, à « une redécouverte inépuisable de ce qui existe déjà » pour « arracher à la géographie du monde une parcelle singulière de vérité » ?

Posons un constat : en termes de voyages, comme de littérature, d’ailleurs, tout a probablement déjà été fait. Laissons à d’autres la velléité de battre le record du tour du monde en banane gonflable. Tout a déjà été fait, très bien : ne nous en soucions plus. Non plus poids écrasant, décourageant, mais liberté. Dans chaque tableau vu et revu demeure un interstice pour chacun, parfois bien davantage.

Depuis six mois, j’ai fait des choses que très peu de voyageurs, ou touristes, ont fait, et d’autres que tous, sans exception, ont inclus dans leur itinéraire. En redescendant du Perito Moreno, sur lequel j’ai marché crampons aux pieds, je me dis que tout cela n’a plus beaucoup d’importance. Beaucoup moins d’importance qu’une certitude : voilà l’une des plus belles choses que j’aie vues dans ma vie déjà riche en choses belles. La vision de ce glacier se séparant soudain d’un pan entier de sa muraille, cet immense bloc bleu blanc s’effondrant dans l’eau grise. Les vagues projetées jusqu’aux rives voisines constellées de petit morceaux de glace. Le silence s’ensuivant le fracas, le silence une fois tout le monde parti en file indienne sur le sentier qui mène au débarcadère, au petit bateau (Armstrong à l’envers…). Silence et beauté. Le glacier redevenu calme dans l’air froid. L’eau nacrée qui s’apaise. Sur ce rivage un arbre, élancé et nu, ses six rameaux en contraste sur le ciel blanc. Cet arbre à côté de ce gros rocher humide, poli, déposé doucement à cet endroit, comme un dé de titan. J’ai fermé les yeux sur cette vision et les millions de nuances de couleurs qui existent en une seconde, tourné le dos à tout cela et n’ai rouvert les paupières que pour m’enfoncer dans la forêt ; mais à nouveau, le silence et la beauté, les troncs morts exhibant leurs racines en arabesques, couverts de mousse émeraude comme les troncs vivants dressés entre les tapis de feuilles jaunes. Je n’ai jamais vu une telle forêt de ma vie, ai-je pensé en tentant de toucher chaque arbre, chaque bris d’écorce du regard, en suivant la veste bleue de Daniel sur le chemin balisé, en rejoignant les groupes en gore-tex, en me dirigeant vers la jetée. Sur la rive j’ai marché entre deux arbustes de calafate, un gros buisson épineux qui donne son nom au village voisin. Celui qui mange de ses baies, dit-on, reviendra en Patagonie.

« Chaque témoignage que nous portons, aussi imparfait soit-il, préserve une part de mystère », écrit encore Jallade. Dois-je préciser que les textes de ce site ont eu pour but véritable, plus que d’expliquer ou de raconter mon voyage, d’éveiller la curiosité des lecteurs envers ce mystère-là ? A eux de juger du résultat, pour quelques semaines encore. Je ne sais ce qu’ils auront vu dans ces mots laissés derrière comme une expiration régulière, partie immergée de l’iceberg du récit raconté à soi-même. Une chose est sûre : c’était l’automne, sur ce chemin creusé dans un rivage strié par une immémoriale ère glaciaire ; c’était l’automne, et il n’y avait pas de fruits aux branches du calafate.

Sébastien Jallade, L’appel de la route. Petite mystique du voyageur en partance, Transboréal, 2009.
Jean-Didier Urbain, L’idiot du voyage. Histoires de touristes, Payot, 1991.

Rencontre Et là, crac Quels touristes, ces voyageurs (Respirer.) Plisser les yeux Lueur L'heure des crampons En route pour le Chili Venteux Nom de Zeus Les monts Solo et Fitz Roy Fitz Roy Laguna Capri Le touriste pense Le voyageur réfléchit ]]>
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Panamericana http://www.mou.ch/matthieu/wordpress/?p=883 http://www.mou.ch/matthieu/wordpress/?p=883#comments Thu, 28 Mar 2013 15:40:39 +0000 matthieu http://www.mou.ch/matthieu/wordpress/?p=883 Je me souviens parfois de tous les bus matinaux que j’ai ratés, vu défiler en grimpant la rue qui part de chez moi, la sacoche ouverte, les lacets à peine noués, je m’en souviens en m’asseyant six, dix-sept ou vingt-trois heures durant dans ceux de la Panaméricaine.

Quatre mois qu’elle me suit comme une ombre, que je la cherche, pourtant nous sommes déjà de vieux amants, la Panaméricaine et moi. Comme une vieille amante elle est frustrée, car je ne fais que l’effleurer à chaque fois, en montant dans les bus qui tous arborent Jésus Christ dans le cockpit mais qui s’appellent Bolivariano, Soyuz, Civa, Cruz del Sur, Oltursa, Power, Tur-Bus ou Flota Imbabura. Depuis Medellín, en passant par Cali Ipiales Tulcán Quito Latacunga Ambato Cuenca Chiclayo Trujillo Lima Nazca Arequipa Tacna Arica Antofagasta La Serena Santiago du Chili, ils me trimballent le long de son corps qui tantôt s’enroule autour des montagnes nues ou luxuriantes, tantôt s’étire à n’en plus finir dans le désert d’Ocucaje ou celui d’Atacama; parfois ils m’abandonnent dans un improbable port coincé entre la dune et le Pacifique, parce que j’ai eu la mauvaise idée d’en descendre pour satisfaire quelque besoin élémentaire, et il me faut les rattraper en taxi, je pourrais être en costard et vrombir “Suivez ce bus!” mais je suis en t-shirt et j’ai une bouteille d’eau dans la main… Ils me plient en quatre ou me bercent de leur grondement mais ne nous laissent jamais seuls, la Panaméricaine et moi.

Car une malédiction s’abat, en outre, sur cette langue de bitume et sur tous ces cageots roulant sur un continent qui ne pleure même pas ses chemins de fer disparus. Cette malédiction s’appelle Chuck Norris. Ou Jason Statham. Ou Transformers, CIA, héroïsme militariste et quintessence de la bêtise cinématographique états-unienne. Au bout du dix-septième bus à se terrer dans ses boules Quiès, on se demande : s’agit-il d’un complot ? D’un grand malentendu ? D’un avion de fret larguant à intervalles réguliers les invendus des majors de Los Angeles au-dessus des territoires de la colonie économique, « c’est peut-être un fils de p…, mais c’est notre fils de p… » ?

La seule certitude est que des millions de latinos et de routards éberlués associent désormais, chaque jour et chaque nuit, les côtes colombiennes à l’évangélisme le plus lourd, les déserts de Lambayeque aux tirs de mitraillettes, l’Amazonie infinie aux grosses ficelles, aux dialogues bas du front, à la violence la plus gratuite ou aux rires les plus niais. Ô délicieuse paix, alors, lorsque c’est soudain Intouchables qui apparaît à l’écran, même deux fois de suite. Ô la douceur et la beauté complexe des visages dans la lumière finissante, lorsque le regard s’arrache du clinquant hideux de la lucarne maudite. Ô le silence que l’on imagine, en regardant par la vitre, et que l’on ne découvrira jamais, car jamais l’on ne sera seul avec la Panaméricaine.

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King Kong au Pérou http://www.mou.ch/matthieu/wordpress/?p=791 http://www.mou.ch/matthieu/wordpress/?p=791#comments Tue, 26 Feb 2013 00:32:41 +0000 matthieu http://www.mou.ch/matthieu/wordpress/?p=791 A Lambayeque, des rapaces sont toujours à apercevoir dans le ciel bleu très clair.

A Lambayeque, les mots King Kong sont partout, c’est le nom d’une sucrerie que je n’ai pas goûtée. Cactus et eucalyptus, déchets et gravats le long des routes de terre et de trous sur lesquelles klaxonnent les tricycles à moteur, qui n’existaient pas en Equateur.

A Pimentel, j’ai retrouvé les vagues du Pacifique. Je croyais que j’y entrais pour la première fois de ma vie quand, déjà dans les courants tirant vers la vieille jetée de bois, je me suis rappelé que Port Douglas, en Australie, est loin, si loin à l’autre bout de ce même océan…

A Chiclayo, alors que nous rentrions à l’hôtel, avec Pauline la petite Toulousaine qui m’accompagne un bout, nous sommes passés devant une grande salle ouverte sur la rue, d’où on voyait, assis en cercle, une douzaine d’hommes jouant de la guitare. J’ai cru à une leçon de musique, mais c’était une tuna, une de ces troupes d’étudiants qui revêtent culottes bouffantes et chantent des sérénades aux jolies, et qu’on rencontre, au crépuscule, sur la Plaza Mayor de Salamanque. Ils nous ont invités à entrer, ont joué plusieurs minutes, et il y eut comme un air de pur bonheur sur les visages.

A Trujillo, le soir, en arrivant à l’auberge, j’ai demandé à un d’Artagnan chilien replié dans un hamac où manger dans le coin, et cela s’est terminé par un rap à quatre voix, harmonica et ocarina, au petit matin sur une place déserte, hormis quelques cafards et un phoque en peluche décrépi. Le soleil revenu, nous avons marché avec Camilo, Ricardo et Camila jusqu’à Chan Chan, grande ville de la civilisation Chimú successivement saccagée par les Incas et par les Espagnols. Avant de prendre un combi, minibus de quatorze places où tiennent facilement vingt personnes, suba suba baje baje baje, jusqu’au Pacifique.

Mais avant tout cela, le premier jour, nous roulions depuis une dizaine d’heures quand je me suis réveillé au moment même où, quelque part avant Piura, le soleil se levait sur un paysage de canyons, de roche et de sable. Il y avait une mine dans l’aurore, ses torchères se détachant sur le ciel mauve. Rendormi, puis réveillé sur des rizières à perte de vue, dont le vert est une douceur qui rappelle l’herbe de chez soi. Arrêt à Piura, deux dames vendaient des salades de fruits, mais je n’avais pas de soles. Des passagers se sont lavé les dents et les cheveux au robinet unique. La suite du trajet, à la droite du bus, n’a été que du sable, parsemé de buissons rasants. J’étais au Pérou.

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Quitter Quito http://www.mou.ch/matthieu/wordpress/?p=775 http://www.mou.ch/matthieu/wordpress/?p=775#comments Mon, 18 Feb 2013 11:05:44 +0000 matthieu http://www.mou.ch/matthieu/wordpress/?p=775 Vingt-huit jours, au total, vingt-huit jours passés dans cette ville d’antennes et de volcans, d’alarmes de voitures et d’odeurs de côtelettes, de maisons blanches et de barrières électriques, depuis l’aurore du 3 janvier. N’avoir mis les pieds qu’une seule journée dans le centre colonial, mais avoir arpenté Colón, Amazonas et l’avenue du 6 Décembre de long en large, avoir testé la plupart des sièges des bus verts reliant le centre à la banlieue de Tumbaco. Ne pas cesser de s’éloigner de ces rues câblées, pour y revenir sans cesse.

Se retrouver en pleine saison des pluies, en pull, à l’aube, un lundi matin de retour de la jungle, avec de fulgurantes crampes d’estomac. Se retrouver dans les eaux thermales de Papallacta, slalomant entre les vacanciers du week-end prolongé, avec le couple de proprios de l’auberge au bon wifi. Se retrouver dans la pénombre d’un bar baptisé « Pauvre diable » avec deux journalistes et deux architectes, et entendre une jeune Allemande dire : « Est-ce qu’ils ne viennent pas de découvrir un fungus qui chie de l’or ? » Se retrouver dans les gueulées de la terrasse du Coffee Tam, en plein Portugal-Equateur (2-3), et entendre un Charles français raconter : « J’ai rencontré un mec, Matt, qui voyageait en écrivant un livre… de philo, je crois… du genre : le monde, ce qui va mal, ce qui pourrait aller bien. » Se retrouver à partager un buffet quatre étoiles avec une Jurassienne exilée, son petit Manu et Mickey Mouse ; partager des pizzas avec un ornithologue francophile de Finlande, avec une Hollandaise du Montana ex-pompière spécialiste des feux de forêt, ex-navigatrice sur un bateau de pêche en Alaska, ex-Chilienne d’adoption ayant passé un mois à l’île de Pâques, mais seulement deux jours à terre, pour réparer le mât brisé de son 60 pieds.

Offrir à Pablo du vin, des chocolats, des repas, un bon chez Sukasa pour tenter de le remercier du gîte, du couvert, du transport et du reste. Ecouter des débats plus ou moins passionnés sur le nouvel aéroport, voir des affiches électorales partout, entendre tout et son contraire au sujet de Rafael Correa, marchant vers sa réélection. S’escrimer sur le montage d’un reportage radio qui ne sera peut-être pas diffusé, remonter une énième fois dans le bus vert pour Tumbaco parce qu’on y a oublié, accessoire essentiel, le chech vert foncé du Sahara. Et prendre un bus, encore un foutu bus de nuit, à la veille de la présidentielle, pour partir enfin vers le sud, pour quitter enfin Quito.

En attendant le bus TelefériQo Quartier nord 6 de diciembre Chez Rumiñahui Papi e Pablo Mitad del Mundo En attendant le bus (2) ]]>
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Milieu du monde http://www.mou.ch/matthieu/wordpress/?p=698 http://www.mou.ch/matthieu/wordpress/?p=698#comments Fri, 25 Jan 2013 18:41:05 +0000 matthieu http://www.mou.ch/matthieu/wordpress/?p=698

L’annonce d’une mort arrive toujours comme une météorite. Lorsqu’elle survient dans une auberge de jeunesse, un matin d’électro à plein tube, s’y ajoute une couleur surréaliste qui ébranle les certitudes. Le monde est si vaste ; or il semble soudain rétrécir, comme un décor de carton.

L’encre n’a guère coulé, depuis une semaine, le temps de laisser passer la vie dans les jours condensés. Au mitan du voyage, plus ou moins, entre la visite du père et l’inconnu qui s’ouvre à nouveau. La parenthèse familiale refermée, on se surprend à découvrir la solitude, entre les bus verts et bleus de la longue ville de Quito.

Parfois la machine s’arrête, ou tremblote, il ne sert à rien de forcer, mieux vaut relever la tête, siroter une infusion de coca, et regarder, un moment, les nuages. Puis laisser la route reprendre les commandes, au rythme qui lui chante, tandis qu’on fredonne en souriant, en souriant parce qu’on a déjà fait découvrir l’Atlantique à un ami, parce qu’on a déjà tant couru le long des vagues, parce que tous les visages font, déjà, une trace lumineuse derrière soi, juste derrière soi, assez pour éclairer le chemin.

La Patagonie se rapproche, et s’éloigne à la fois. Chaque nid de poule monte presque à la tête, comme un battement de cœur, et on ne peut, à nouveau, que sourire, et penser aux mots d’Albert Camus, surtout dans l’ombre du cratère : « Chacun des grains de cette pierre, chaque éclat minéral de cette montagne pleine de nuit, à lui seul forme un monde. » Et on se surprend à serrer le poing, parce que, tiens, oui, on est vivant…

 

Je dédie cette pensée à ma tante, Michèle, qui est subitement partie le 17 janvier 2013, dans sa 66ème année.

 

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La déraisonnable angoisse du taxi d’avant l’aube http://www.mou.ch/matthieu/wordpress/?p=628 http://www.mou.ch/matthieu/wordpress/?p=628#comments Fri, 04 Jan 2013 20:10:48 +0000 matthieu http://www.mou.ch/matthieu/wordpress/?p=628 Arrivée en Equateur, 3 janvier.

Tumbaco, à vingt minutes de Quito, six heures. Le jour point lentement. Les oiseaux fredonnent. Les bus matinaux défilent avec des bruits de piston. Je suis dans un petit parc en face de l’entrée du Club Nacional de football, « où se forment et se forgent les meilleurs joueurs d’Equateur », et j’attends mon hôte, Pablo. Paisiblement.

Il y a quelque chose à dire de l’angoisse qui saisit lorsqu’on arrive avant l’aube, pas frais, la bouche pâteuse, à peine tiré des songes, dans une capitale sud-américaine. On arrive à l’aéroport ou au terminal, violence du réveil, réflexes engourdis, on dit « oui » au type qui vous voit débarquer et vous demande, « taxi ? », et on le suit jusqu’à sa voiture qu’on espère un taxi véritable, et qui vous emmène en trombe à travers les routes désertes qui à cette heure ont toutes l’air vaguement menaçant. L’angoisse de s’en remettre totalement à ce type dont on voit une petite portion rectangulaire du visage, qui dit de temps en temps quelque chose d’incompréhensible dans sa radio ou écoute un CD de hits latinos, qui n’enclenche aucun taximètre en vue et qui vous lance quelques regards fugitifs, à moins qu’ils ne soient dédiés à surveiller l’arrière de la route ; et il pourrait tout aussi bien vous emmener dans un coupe-gorge, ou chez son cousin détrousseur de gringos, ou à l’autre bout de la ville avec une sursurtaxe, on imagine à vive allure malgré les bâillements, on a le regard acéré, on répond avec méfiance à ses deux ou trois phrases en désirant un grand lit moelleux et en culpabilisant un peu car il a l’air brave type, mais quand même, d’où vient cette angoisse tissée de rêves pas finis, de films sur les gangs mexicains et de mythes urbains, mais quand même, on a entendu tellement d’histoires et on connaît en tout cas celle du paseo millonario, la promenade millionnaire, qui consiste à amener le señor turista au distributeur le moins proche pour lui extorquer tout son fric, armes à l’appui, bref : on flippe sa race à son corps défendant, mais, tout à coup, la voiture s’arrête. Et le type reçoit la somme prévue, vous ouvre le coffre pour en extraire votre maison à bretelles, vous dit au revoir, bonne journée, et voilà, il vous laisse au bon endroit, après dix ou vingt ou quarante minutes de trajet dans la nuit, et il s’en va. Et vous vous restez là, avec vos sacs devant la pépinière du foot équatorien, un passant très matutinal vous dépasse sans vous regarder, et vous pouvez, enfin, vous laisser aller à vous sentir un peu idiot, en bâillant.

 

Photos : passage de la Colombie à l’Equateur. Nouvel An à Ipiales, neuf heures d’attente à la frontière avec Claudia et Dionigi, un poulet et demi bien mérité, et enfin Tumbaco, banlieue de Quito.

Brûler 2012 Bonne année Ipiales Bienvenue Migrer Je veux l'avoir et je l'aurai Neuf heures d'attente Star Wars Du bon côté Tumbaco ]]>
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La salsa, le chien et la pleine lune http://www.mou.ch/matthieu/wordpress/?p=610 http://www.mou.ch/matthieu/wordpress/?p=610#comments Sat, 29 Dec 2012 21:35:24 +0000 matthieu http://www.mou.ch/matthieu/wordpress/?p=610

A Cali, capitale de la Vallée du Cauca, c’est Juan qui m’accueille pour une nuit. Il m’a dit de passer à son restaurant, c’est aussi là qu’il habite. J’arrive vers 18h15 devant les grilles. L’un de ses frères, Andrés, m’ouvre. Il a un chapeau de cuir et des lunettes noires qu’il n’enlèvera pas de la soirée et zozote un peu. Le restaurant a ouvert il y a six mois, classieux, noir-blanc, avec des nappes italiennes impeccables. Passé le rideau à côté du bar, c’est le chaos : la partie habitable de la maison n’est pas terminée. « Désolé pour le désordre, me dit Andrés en me conduisant à l’étage : ça fait une semaine que la femme de ménage est en vacances, et trois mecs qui vivent ensemble… »

J’ai un lit entre le mur et le mur, dans une soupente. Pour aller à la salle de bain, il faut traverser une vaste pièce qui ne contient qu’un frigo et une corde à linge. Ça ne sent pas terrible : il y a quelques crottes de Matías, le chien, sur le sol. Parfois je crois qu’Andrés m’appelle d’un ton étrangement agressif, mais ensuite ça trottine et je me souviens de mon homonyme.

Apparaît Ales, l’autre frère, et finalement Juan. Puis Camilo, son aide de cuisine. Pour bien commencer la soirée de travail, ils sortent fumer un pétard sur le toit. Moi je m’en vais rejoindre d’autres amis du voyage près des arènes, tout à l’heure, pour les Fêtes de Cali, les doubles fouilles par les rangées de flics avant la bière et le rhum, la salsa partout et toujours.

Etrange de croiser ces êtres si peu de temps, de dormir dans leur bordel généreux, et puis s’en va. Manuel suit son propre chemin vers le Nord, et me rejoindra plus tard. Tristesse de quitter bien plus qu’un pays. Mais il est temps de partir au sud, vers la frontière et l’Equateur.

Andrés me demande d’aller chercher Juan car on a besoin de lui en cuisine ; je monte donc à mon tour sur le toit. « Regarde », me dit Juan. La pleine lune sort lentement des nuages, basse sur l’horizon, gigantesque. « On dirait une planète », commente Juan, avant de se taire longuement. Camilo, lui, est un moulin à argot. Je ne comprends rien à ce qu’il dit, sauf « hermosa ! », mais il n’y a pas besoin de comprendre ses paroles pour saisir son enthousiasme, le même qui déborde de sa voix lorsqu’il décrit les filles de Cali avec plein de mots (à part culo) que je n’ai jamais entendus, ou lorsqu’il raconte que le sancocho, ce potage fort en tubercules, est ici délicieux, avec de l’avocat, uff !, et les pâtes qu’ils font eux-mêmes, au restau : avec du poulet ou de la viande, uff !

Camilo est très jeune, il a les cheveux rasés sur les côtés et longs derrière, il est impatient d’aller dans « sa montagne » pour Nouvel An, et a fait sienne la religion des Mayas, comme en atteste un tatouage sur son épaule gauche. « Je me réjouis de lundi ! » Pourquoi ? « Parce que 2013 va commencer. On va voir ce qu’il nous réserve. »

Le globe lunaire est complètement sorti des nuages. « Je suis catholique, car je crois en un Être suprême : il y a trop de perfection », glisse Juan. « Et toi, tu es de quelle religion ? Qu’est-ce que tu aimes faire, dans la vie ? »

L’encre de Patagonie vous souhaite une très belle année 2013 !

 

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